“Bonjour, je suis le Docteur Alexandre Capon. Je suis chirurgien plasticien depuis un peu plus de 20 ans maintenant. Très tôt, je me suis intéressé à la reconstruction mammaire. J’exerce à la Clinique Clemenceau à Marcq-en-Baroeul où j’opère notamment pour la chirurgie esthétique et à l’hôpital privé Le Bois à Lille, pour d’autres interventions comme la reconstruction mammaire.
A la Clinique Clemenceau, nous prenons en charge beaucoup de femmes, puisque la plupart des patients sont des patientes. Évidemment, nous soutenons Octobre Rose avec toutes les forces que nous pouvons.
En tant que chirurgien plasticien, je ne peux que vous rappeler que le dépistage est primordial.
Plus de 80% voire 90% des cancers du sein peuvent être traités de façon définitive, s’ils sont dépistés tôt. Il y a donc une chose à faire, c’est le dépistage. Le dépistage, entre 50 et 74 ans, avec une mammographie et une échographie tous les 2 ans. Il faut le faire. Vous recevrez à la maison, les convocations, pour pouvoir prendre rendez-vous.
L’auto-palpation est également très importante. Si vous sentez quoi que ce soit d’anormal, ou qui vous paraît anormal au niveau de votre sein, il faut consulter.
Dans ce cas-là, une mammographie, une échographie, pourra dans la plupart des cas, complètement vous rassurer. Ou alors, permettre un dépistage précoce d’une lésion, qui pourra être complètement guérie, grâce aux traitements actuels.”
Docteur Capon, la reconstruction mammaire, qu’est-ce que c’est ?
Docteur Alexandre Capon : “La reconstruction mammaire c’est l’ensemble des procédés qui permettent de reconstruire le sein.
Pour moi, la reconstruction mammaire, c’est surtout reconstruire sa féminité, se reconstruire en tant que femme. C’est aussi pouvoir revivre de façon tout à fait normale : de pouvoir s’habiller comme on l’entend, de pouvoir faire du sport, de pouvoir avoir une vie sociale, une vie professionnelle normale. Mais surtout, de tourner la page du cancer du sein, si possible.”
Dans quel cas, peut-on avoir recours à une reconstruction mammaire ?
Docteur Alexandre Capon : “Vous pouvez avoir recours à une reconstruction mammaire lorsqu’il y a eu une intervention chirurgicale. Cette intervention chirurgicale va malheureusement souvent emporter l’ensemble du sein, c’est ce qu’on appelle la mastectomie totale. Parfois, on peut enlever juste la tumeur ou une partie du sein, ici, c’est ce qu’on appelle la mastectomie partielle.
La reconstruction mammaire va permettre soit de reconstruire le sein dans sa totalité, en retrouvant un volume, une jolie forme, ou alors d’améliorer les déformations que pourrait laisser une intervention partielle sur le sein.
Cette intervention prend également en compte l’autre sein, puisqu’il peut y avoir une asymétrie, un déséquilibre entre les deux. Il faut parfois retravailler l’autre sein, pour avoir le meilleur résultat possible.”
Quand puis-je prendre rendez-vous avec mon chirurgien plasticien ?
Docteur Alexandre Capon : “La plupart des femmes sont bien sûr pressées, de prendre rendez-vous avec le chirurgien plasticien pour parler de leur reconstruction mammaire. Maintenant, on ne peut pas intervenir trop vite, il faudra attendre que les tissus soient bien cicatrisés. La reconstruction mammaire ne pourra se faire qu’une fois que tout est stabilisé, également au niveau de la maladie.
Le délai minimum est en général de 6 à 8 mois, quand il n’y a eu que de la chirurgie et la plupart du temps, moins d’un an après la fin de la radiothérapie, quand des rayons ont été nécessaires.
Cependant, on peut évidemment prendre rendez-vous avec le chirurgien plasticien plus tôt pour se donner une idée, envisager, prendre des renseignements. C’est mon rôle en consultation au sein de la Clinique Clemenceau.”
Quelles sont les techniques de reconstruction mammaire après cancer ?
Docteur Alexandre Capon : “La première chose que je dirais, c’est que l’on peut envisager deux grandes familles de reconstruction :
- Il y a la reconstruction mammaire que l’on peut faire à l’aide d’une prothèse mammaire,
- Et la reconstruction mammaire que l’on peut faire avec ses propres tissus : on appelle cela la reconstruction mammaire autologue.
Le but n’est pas de privilégier l’une ou l’autre de ces techniques. Dans ces cas-là, j’ai un rôle de conseil en consultation pour guider la patiente dans son choix.
Les reconstructions sans prothèses mammaires vont utiliser en grande partie les tissus du dos, notamment le muscle Grand Dorsal avec la graisse qu’il y a autour. Tout cela pourra être complété secondairement par des réinjections de graisse.
La reconstruction par prothèses est souvent demandée en premier lieu, mais n’est pas envisageable chez tout le monde. Il faut savoir que l’on peut utiliser une combinaison de toutes ces techniques et qu’il y en a également bien d’autres qui sont moins utilisées.
Mon rôle en consultation à la Clinique Clemenceau c’est de vous conseiller, de vous aiguiller, de vous orienter et de vous donner toutes les informations possibles. Ce que je veux avant tout, c’est que vous compreniez les possibilités : les avantages, les inconvénients et également que vous puissiez être actrice du choix de la technique de votre reconstruction mammaire.”
Combien d’interventions sont nécessaires pour une reconstruction mammaire ?
Docteur Alexandre Capon : “Le nombre d’interventions nécessaires pour arriver au bout d’une reconstruction mammaire est assez variable. Il est illusoire de faire une reconstruction mammaire avec une seule intervention : la plupart du temps, il y aura au moins deux interventions comprenant également un geste de correction sur l’autre sein, pour avoir une symétrie, un équilibre satisfaisant entre les deux, en termes de hauteur, de volume, de forme.
Je dirais deux interventions au minimum, parfois même trois, voire plus dans certains cas particuliers. En consultation, j’essaye de vous dire à l’avance le nombre d’interventions qui seront nécessaires, grâce à mon expérience mais aussi selon les choix techniques que l’on pourra faire.
On arrivera en général au bout d’une reconstruction mammaire après un délai d’environ 18 mois pour parfaire la reconstruction.”
Après une opération de reconstruction, au bout de combien de temps est-il possible de reprendre mes activités professionnelles et personnelles ?
Docteur Alexandre Capon : “La plupart des femmes sont très actives, que ce soit sur le plan professionnel ou sur le plan sportif. Je reçois beaucoup de questions sur le délai de reprise des activités.
Pour le travail, évidemment après une intervention chirurgicale on est souvent un peu fatigué : la répétition des interventions, la suite des traitements du cancer du sein peuvent parfois entraîner une fatigue accrue.
Le minimum, c’est environ 15 jours d’arrêts de travail, cela peut aller parfois jusqu’à un mois ou plus en fonction du type d’interventions.
Pour le sport, c’est en général 5 à 6 semaines et parfois un peu plus de 2 mois pour les activités physiques les plus intenses et celles qui font beaucoup bouger les bras ou sauter.”
Est-il possible de reconstruire le sein lors de la même intervention que la mastectomie ?
Docteur Alexandre Capon : “Il faut distinguer 2 types de reconstruction :
- Les reconstructions secondaires : elles représentent la majorité des interventions qui se font à distance, plusieurs mois ou plusieurs années après la mastectomie.
- Et les reconstructions immédiates.
On peut parfois, dans certains cas particuliers, reconstruire le sein lors de la même intervention chirurgicale que la mastectomie et le traitement du cancer. Cela peut se faire uniquement dans certaines conditions, sur un certain type de tumeurs, et lorsqu’il n’y aura pas de traitements complémentaires comme les rayons nécessaires après la chirurgie.
Dans ce cas-là, le chirurgien plasticien et le gynécologue travaillent de concert lors de la même intervention, ainsi, on peut entamer la première étape de la reconstruction lors de la mastectomie.
L’avantage ici est de ne pas se réveiller avec l’ensemble du sein qui manque, mais déjà avec une ébauche de reconstruction.
Ces reconstructions immédiates peuvent aussi s’envisager quand on fait des mastectomies préventives. Avec le progrès des dépistages génétiques, comme dans certaines familles où il y a beaucoup d’antécédents de cancers gynécologiques, notamment de cancer du sein, on arrive à dépister certaines mutations génétiques, qui malheureusement nous font prédire qu’il y a un risque important de développer un cancer du sein :
- Soit s’il n’y a pas encore eu de cancer du sein chez la personne,
- Ou alors si elle a déjà eu un cancer du sein, d’avoir malheureusement une tumeur qui apparaît de l’autre côté dans les années futures.
Dans ce cas-là, la prévention possible, c’est d’enlever le sein même s’il n’est pas malade, à titre préventif pour éviter l’apparition d’un cancer du sein et dans ce cas, de réaliser une reconstruction immédiate dans de très bonnes conditions. Tout cela évidemment avec l’accord du gynécologue qui prend en charge la patiente à la base.”
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